On dit que vous avez une technique particulière pour créer vos personnages…
J’ai toujours pensé qu’il fallait du solide pour écrire un roman mettant en scène un et/ou plusieurs personnages principaux.
Et ce, dans une logique de suite(s) à venir.
J’ai donc coulé dans le béton le portrait de celui qui, je pense, ne me quittera plus.
Voici comment je fonctionne :
Lorsque dans ma tête j’ai la vision du physique qu’aura l’un d’entre eux, je pars à la recherche de sa photo sur internet. Dans les bases de données d’acteurs de cinéma, de théâtre ou de mannequins de mode, on trouve des choses intéressantes. Avec un logiciel de retouches d’images, je mixe plusieurs clichés pour obtenir ce que je recherche : un premier portrait-robot que je façonne pour lui donner une vie.
Ce que je fais ensuite : j’interviewe ma « créature » pour en savoir plus sur elle.
Je la construis à partir de ce que je recueille, petit à petit, patiemment.
Je pratique comme la personne qui joue seule aux échecs contre elle-même et qui fait pivoter l’échiquier à chaque coup joué.
Je me mets dans la peau de l’autre après chaque réplique.
Je pose les questions.
Ma créature me répond.
Parfois, c’est elle qui pose les questions !
Je finis par tracer dans Power-Point l’arbre de ses origines et de ses descendances.
Je complète sa fiche PERSONNAGE.
Et enfin, j’effectue une synthèse de son interview.
Et j’ai le personnage gravé dans le marbre, même s’il évoluera au fil des années.
Voici la construction et la synthèse du capitaine de police Félix Boldère

Ce type est un solitaire… Un peu nostalgique sans doute. De quoi ? Mystère ? Non, pas de mystère : il est arrivé sur Terre alors que le monde était en pleine mutation, laissant pressentir la mondialisation et tout ce qui allait en découler. Il a été pris de court et n’a sans doute pas su s’adapter à ce changement si rapide. Dans ses gênes figurent la lenteur de réaction, de pensée, et le besoin de sagesse de nos aïeux. C’est un calme en apparence. Réaliste et parfois idéaliste, mais sur les sujets qui l’ont blessé. Il reproche à son père d’être un infatigable magouilleur et à sa mère d’avoir abandonné le giron familial. Ténébreux, par souci de discrétion et par méfiance. Peu cultivé, mais pas le dernier de la classe non plus. Du répondant. A eu de nombreux soucis avec ça. Parfois bagarreur. Pas trop malhonnête, plutôt dans l’air du temps. Opportuniste. Se contente de ce qu’il a, ou presque. Va évoluer avec l’âge.
Pouvez-vous partager une anecdote amusante ou mémorable de votre parcours d’écrivain ?
Oui, même plusieurs.

Pour mon premier polar, Les Diables du parc
Dans une scène, j’ai écrit que Nina (jeune gothique qui aide le capitaine de police Félix Boldère à résoudre ses enquêtes) est descendue dans le tunnel ferroviaire de la Petite Ceinture, une voie de chemin de fer qui cerne Paris et qui traverse le parc des Buttes Chaumont.
Lors d’une courte visite dans la capitale, je me suis rendu dans ce parc en curieux, soucieux de me mettre dans l’ambiance du roman que je venais d’achever. J’ai descendu le talus et suivi le chemin qu’avait emprunté la fille. Et, devant mes yeux ébahis, une jeune personne à l’apparence « gothique » posait seule à l’entrée du fameux tunnel ! J’ai cru un instant que Nina m’attendait ! Mon rêve n’a duré que trois secondes : il y avait une séance photo en cours, de cosplay peut-être, puisqu’un appareil photographique trônait au loin, sur un trépied et nous étions le jour d’Halloween. Ceci explique cela, mais croyez-moi, c’est très étrange de croiser un personnage phare de son propre roman et de plus, dans le contexte de ce roman !
Quelques secondes inoubliables !
La photo que j’ai prise à la sauvette et que j’ai légèrement floutée pour ne pas bafouer le droit à l’image.
Pour le second, sorti courant janvier 2025, Chemins obscurs
Une anecdote assez extraordinaire (dont on se serait bien passé !) :
Dans mon scénario original finalisé fin 2018, j’avais imaginé qu’un vigile affecté à la sécurité des églises découvre une momie sur l’autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le dimanche de Pâques 20 avril 2019.
Le 15 avril 2019, j’avais déjà fait un brouillon d’une cinquantaine de pages, raconté la découverte du corps, les premiers constats de police, etc.
Et qu’arrive-t-il ce jour ? Ce dont tout le monde se souvient : Le feu à Notre-Dame, rendant obsolète mon histoire !
Tout mon scénario était par terre !
Une broutille par rapport à la perte de l’édifice, bien sûr.
Sources :
« Les Interviews Littéraires de Marie… » – Groupe Facebook Lecteurs, Auteurs et Editeurs.
« Une Semaine Avec… » – Groupe Facebook Auteurs Indépendants Réunis.
Les Diables du Parc est un roman publié en juillet 2024.
Chemin obscurs est un roman publié en janvier 2025.