A propos de…

Francis Nopré-Villière est un auteur français de romans policiers qui réside près de Metz. Ancien typographe reconverti dans l’informatique, il puise son inspiration dans les personnes troubles, souvent fragiles, et les exclus de la société.

Francis Nopré-Villière

Francis Nopré-Villière, pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?

Pour tout dire, je n’avais aucun prérequis pour mener à bien une publication littéraire, lorsque je pénétrai dans un vieil atelier de typographie un beau jour de 1968. Je me souviens de mon apprentissage comme si c’était hier. Au-delà de la poussière, l’atelier dégageait une dignité qui n’avait été gagnée qu’à force de persévérance et de travail. Toutefois, à l’époque, il était encore facile, pour un imprimeur, de se faire comprendre du plus grand nombre. La culture et le savoir n’avaient aucun besoin de se défendre. Ces quatre années m’avaient enseigné la beauté de la typographie et de la calligraphie, mais ne m’avaient toujours pas ouvert de passerelle pour accéder à l’écriture.

Et puis, emporté par mon besoin de nouveauté, la découverte d’un quotidien régional et de sa fabrication pragmatique, rapide et efficace, où l’esthétique n’avait pas sa place. L’écriture faisait partie d’un monde parallèle peuplé par des journalistes. Inaccessible pour moi.

Et presque par le plus grand des hasards, l’informatique. Encore et toujours l’appel de l’avant-gardisme. L’informatique telle qu’elle me faisait vibrer. Celle de la programmation qui vous permet de suivre, un pas en arrière, ce que la machine effectue pour vous. L’écriture s’éloignait encore plus (hormis celle de logiciels).

Les années passèrent. La belle typographie avait cédé sa place au multimédia inventif qui lui-même avait cédé sa place aux métiers de l’internet. À la production massive d’informations. Au recul de la beauté, y compris celle de l’esprit. À la déréglementation cérébrale pour les plus fragiles.

Puis soudainement, le retrait de la vie active, précipité par la crise économique et la lassitude.
Et toujours pas de prédisposition ni d’appel de l’esprit qui m’auraient permis de prendre la plume.
Pourtant… un peu plus tard… le déclic.
J’ai écrit un roman, puis un deuxième… puis un troisième.

Pouvez-vous en dire plus sur l’origine de cette envie d’écrire ?

J’ai toujours été un lecteur assidu, très assidu. Dès le plus jeune âge, je me suis plongé dans les collections que tous les lecteurs connaissent (Bibliothèque verte, rose, rouge et or), puis les romans d’aventures pour ados, les vieux polars noirs…, les policiers gentillets. Ceux, dits d’intrigues… Sherlock Holmes, Miss Marple, Hercule Poirot, Simenon. Je connaissais les rayons de la bibliothèque de mon quartier par cœur et eus la chance de faire mes choix seul, ce qui m’apporta surprise et satisfaction extrême lorsque le livre fut excellent. Je découvrais la lecture sous l’œil aiguisé de la responsable de la bibliothèque qui s’assurait que j’empruntais bien des ouvrages destinés aux jeunes de mon âge.

Adulte, j’ai lu les incontournables du moment, mais ai été très souvent déçu. J’y ai fait peu de découvertes, il s’agissait souvent de livres prévisibles, à la publicité retentissante. Alors, j’ai diminué le volume de ma pile à lire jusqu’à reprendre un polar de Michael Connelly, « Les Égouts de Los Angeles », sur le conseil d’une personne qui se reconnaîtra si elle lit cette interview. Puis, j’en ai lu un deuxième, un troisième.
La mécanique était repartie.

Et puis, un beau jour, le premier jour de ma cessation d’activité, j’ai écrit « Orange était la mort », un livre politico-aventuro-policier ou thriller léger (certains appellent cela de la littérature blanche, de type non défini). Depuis, je l’ai retiré de la vente, considérant qu’il ne correspondait plus à mon style d’écriture qui avait évolué.

Quelle est votre source d’inspiration du moment ?

Les laissés pour compte, les moins que rien, les rejetés, les gros, les anorexiques, les autistes, les dyslexiques, les gentils, les maigres, les beaux, les laids, les méchants (et ceux qui prétendent l’être), les opportunistes, les hypocrites, les généreux, les curés, les doux, les violents, les athées… je voulais parler d’eux… ou d’elles, bien sûr. Pour ne pas qu’on les oublie.

Et quoi de mieux qu’un polar pour servir d’ambiance ? Et quoi de mieux qu’un Paris cosmopolitain pour y trouver des modèles ? Avec pour chef d’orchestre un flic fragile qui traîne pas mal de casseroles, épaulé par une SDF gothique au cuir bien tanné qui vit dans la rue, par volonté d’y rester, non pas par le mauvais sort que la société lui aurait jeté.

L’idée de mes polars parisiens était née.

Source « Une Semaine Avec… » – Groupe Facebook Auteurs Indépendants Réunis.