Bientôt un 3e volet des aventures parisiennes de Félix Boldère et de sa fidèle Nina.
Une enquête qui les conduira dans le Montmartre de l’art… et… (vous le saurez début 2026).
Un des tout premiers chapitres en avant-première
Droit comme un « i » et se caressant le menton, le capitaine de police Félix Boldère contemplait la morte affalée contre la statue. Le physique longiligne du flic et sa tignasse mal arrangée évoquaient en tout point le caractère « i » d’imprimerie. D’où son surnom d’i-Bold devenu Bold avec le temps.
Cela se passait dans une allée du square Maurice Gardette, un petit carré de verdure du 11e arrondissement parisien. Une statue de bronze narguait la forme désarticulée, voulant dire : « Elle est à moi ! ».
Une jambe repliée sous elle et la tête de côté, la morte contemplait les arbres du parc. Pourtant, la vie l’avait bel et bien quittée.
Au moment même, la police enregistrait les coordonnées des trois touristes étrangers qui l’avaient découverte. Ces derniers avaient alerté les Urgences, pensant que la pauvre femme avait fait un simple malaise après une soirée trop arrosée. Paraît-il qu’en France, on buvait beaucoup. Que les soirées ne s’achevaient pas toujours comme prévu et que si vous croisiez quelque individu titubant ou vociférant dans la rue, c’était normal. La France, c’était ça ! Un peuple de braillards et fêtards qui ne faisaient jamais rien comme les autres. Surtout pas comme eux, les Canadiens. Mais, il s’agissait de la France dont on aimait les réalisations. Celles du passé, surtout. Celles nées de la béatitude des créateurs d’après la Révolution. La Révolution de 1830, parce que la première n’était pas une réussite, disait-on dans le monde entier. Ce Napoléon Bonaparte qui avait voulu conquérir le monde et avait rétabli l’esclavage… À effacer de toute urgence !
Les trois Canadiens avaient demandé de l’aide lorsqu’ils avaient compris qu’une personne allait décéder à rester ainsi, les fesses dans l’herbe, en râlant et dans l’impossibilité de respirer. Pendant leur traversée de l’Atlantique, le voyagiste les avait informés, leur avait expliqué quels numéros de téléphone ils pourraient composer, s’il leur arrivait malheur. En bons citoyens du Monde, ils avaient appliqué ce qu’on leur avait appris, même pour une femme qui semblait ivre ou simplement victime d’une overdose. Mais avec une fichue difficulté à respirer.
Hélas ! Police Secours arrivée en un rien de temps ne put que constater le décès. Un décès par strangulation. Une corde, à coup sûr, avait eu raison d’elle. Une simple corde et une strangulation dans les règles de l’art, avait dit le médecin urgentiste.
Un meurtre.
Un meurtre banal, comme beaucoup de meurtres.
Sauf que la dame n’était pas une dame, les infirmiers l’avaient découvert sous sa robe à fleurs.
Sauf aussi, que si la dame qui n’en était pas une avait été étranglée, eh bien, c’était un drôle de hasard ! Parce que la statue qui les dominait montrait un homme tenir une corde et lier une botte de paille. Le Botteleur, œuvre d’un certain Jacques Perrin, était l’une des pièces maîtresses du petit square.
Boldère n’en finissait pas de se caresser le menton.
Décidément, il collectionnait les affaires merdiques !